Alors que le millésime 2010 a affolé toutes les bourses cet été, les regards sont actuellement tournés vers les vendanges 2011. Ayant débuté plut tôt qu’à l’accoutumé dans la plupart des régions viticoles, on entendait déjà les clameurs bordelaises nous annoncer 2011 millésime de la décennie au printemps prochain. Mais puisqu’après les vendanges vient le temps de la vinification, on a préféré aller dans les chais bordelais, voir comment cela se passe dans les cuves de Saint Emilion.
2011, le millésime des extrêmes
Après un été chaotique où tout le monde se souvient des chaleurs de juin puis du triste et pluvieux mois de juillet, les conditions ne semblaient pas vraiment réunies pour un grand millésime. On a crié au dérèglement climatique dès août au début des vendanges des Bordeaux blancs mais force est de constater que les directeurs techniques et maitres de chais n’ont pas vraiment eu le choix. Car après une météo capricieuse, c’est l’obligation de sauver les récoltes qui a motivé des vendanges si précoces.
Certaines grappes n’étant pas homogènes : des raisins soit pourris soit pas assez murs sur les mêmes grappes, des peaux de raisin très fines, autant dire que la clé du millésime 2011, c’est le tri. Et ça tombe bien puisque l’on a découvert le top du high tech, dont tous les propriétaires rêvent en se rasant : la machine tri-baie. Parce que soyons honnêtes, trier un hectare de vignes à la main prends 400 heures alors l’enchainement des différentes phases de macération, fermentation et autres lors de la vinification n’en laissent pas le temps. On se doutait bien que les moyens techniques étaient déjà conséquents afin d’élever les « excellents » vins livrés d’années en années mais après les vendanges, que se passe t-il exactement de tous les grains de raisins ?
L’astuce pour 2011 : le tri
C’est ce que l’on a découvert avec une petite merveille secrètement gardée au Château Sansonnet. Ce Grand Cru de 7 ha situé à la pointe est de St Emilion est entouré des Châteaux Trotevieille et Troplong Mondot. Indéniablement un terroir exceptionnel investi depuis 2009 par la nouvelle propriétaire du Château Marie-Bénédicte Lefebvre, en bonne place pour accéder au classement 2012 des grands Crus Classés de Saint-Emilion. Aidée des précieux conseils de son rigoureux directeur technique Jean Trias depuis 10 ans dans les chais et de l’oeonologue Jean-Philippe Fort de l’équipe Michel Rolland, l’innovation majeure de cette année pour Sansonnet c’est la machine tri-baie. Uniquement utilisée à 15 exemplaires dans le bordelais, elle ne pouvait qu’éveiller toutes les curiosités. On connaissait déjà la machine à tri optique par vision numérique utilisée notamment dans les Graves au Château Smith Haut Lafitte mais là, la tri-baie mesure la qualité des raisins grâce à leur densité et à la masse volumique des baies. C’est la richesse en sucre des raisins, qui va les faire plus ou moins flotter dans un bain densymétrique : l’outil technique adéquat pour ce millésime si particulier.
Un procédé unique donc que sont venus admirer cet automne aussi bien les propriétaires de Grands Crus que de vins de garage et qui devrait faire la différence lors des futurs dégustations. Pour le moment, ça fermente dans les chais, le sucre laisse place à l’alcool pour nous révéler ce jus d’une jolie couleur framboise si intense, au goût sucré dense et un peu tannique, on en boirait comme du petit lait !
// HC