Le rapport rappelle la nécessité, en matière de prévention et de lutte contre le cancer, d’adopter une approche plurifactorielle de la maladie : oui, le cancer est une pathologie qui trouve ses sources dans nos gènes, nos modes de vie et l’exposition à des substances favorisant son apparition. Pour le prévenir et mieux le combattre, il importe de garder l’esprit ouvert sur les diférentes causes possibles et de ne pas en combattre une seule au point de renforcer la ou les autres… Modération, raison gardée, équilibre en théorie mais pas dans le texte, avec des conclusions et des synthèses sans appel dans le communiqué de presse qui accompagne le rapport sur le site de l’Institut « Le risque augmente avec la quantité globale d’alcool absorbée et est significatif dès une consommation moyenne d’un verre par jour. Toute consommation d’alcool est donc déconseillée. »
La formule a été reprise largement par les quotidiens qui ont annoncé les résultats de l’étude dès leur parution le 17 février dernier. Le verre d’alcool quotidien est devenu un verre de vin sous des titres catastrophistes à souhait, reprenant au premier degré la citation du site de l’INCa. ; certains quotidiens ont pris le parti de plus de distance, sur le mode libératoire dans Libération « Ah ce petit verre de vin quotidien qui donne le cancer ». Dans le Monde, cependant, l’annonce des conclusions de l’INCa a été associée à celle des résultats d’une étude de l’Ifop, présentés par l’Association Nationale de Prévention en Alcoologie et Addictologie, selon laquelle « 78 % des Français seraient opposés à la publicité sur l’alcool sur Internet »… Comme par hasard.
L’Anpaa prend des risques. Le chiffre de 78 % demande vérification (un échantillon de 1007 personnes interrogées peut-il être qualifié de représentatif ?), en particulier à la lecture des réactions des internautes à l’annonce des recommandations de l’Institut National du Cancer. Les articles ont généré une affluence notable du côté des commentaires d’internautes agacés, voire ulcérés, d’entendre tout et son contraire sur la santé, le cancer, l’alcool et le vin. Ils sont intitulés « Honteux, » « ras le bol », « scandaleux », ça va pas bien ? », « Il faut réagir »… Morceaux choisis :
« Un verre de rouge par jour avait tjrs été préconisé par tous les médecins pour combattre le cholestérol. Vaut il mieux mourir d’un cancer ou d’un infarctus ? « ou « La pollution nous tue à petit feu et on nous emm… avec notre verre de vin ? Quelle sinistre blague. ». (libération.fr)
Ou encore, sur nouvelobs.com : « Il est prouvé que la consommation d’alcool a chuté en France depuis les années 60. Or, il y a de plus en plus de cancers… Cherchez l’erreur ! » ou « Quand est-ce qu’un professeur nous alertera avec le même sérieux et mises en scène dramatiques des méfaits de la pollution de l’air ( de nos villes ) et des sols, nappes phréatiques, rivières… sur notre santé ? Si on lisait sur des sites anglo saxons les études exhaustives déjà effectuées à ce sujet sans langue de bois, on se précipiterait d’abord pour boire un bon verre pour se faire du bien et ne pas paniquer. Pourtant les pouvoirs publiques savent tout çà … »
Enfin, sur lefigaro.fr : « On cherche quoi ? A tuer le dernier fleuron économique qui marche encore dans ce pays ? » ou « Plus un seul verre de vin, plus un seul demi de bière, plus de cigarette,plus de viande pas de charcuterie, éviter de manger d’ailleurs a part des carottes sans sauce…..dites le boulot, ou les impots ça filerait pas le cancer?…sans quoi j’arrête de suite! »
A propos d’études anglo-saxonnes, il fait meilleur lire Newsweek, qui, le 23 janvier dernier soufflait aux Français « Quatre raisons de plus de boire du vin rouge », rappelant les quatre avantages d’une consommation modérée et quotidienne de vin (1 verre pour les femmes et deux pour les hommes) :
– il aiderait les seniors à maintenir leur poids (étude UCLA parue dans un article de l’American Journal of Epidemiology),
– il réduirait le développement de la maladie d’Alzheimer chez l’animal (étude de la Mt. Sinai School of Medicine, parue en novembre 2008 dans le Journal of Biological Chemistry),
– il serait une source d’Oméga 3, explique un article de l’édition de janvier 2009 de l’American Journal of Clinical Nutrition, citant une étude européenne,
– il réduirait le risque de cancer du poumon chez le fumeur, d’après des recherches établies sur la base des données du California Men’s Health Study, dont les conclusions sont parues dans l’édition d’octobre 2008 de la revue Cancer Epidemiology, Biomarkers and Prevention.
Vitisphère
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