Le Jenever – qui signifie «genévrier» en néerlandais – est un spiritueux à base de céréales maltées, riche en botaniques. Il s’agit d’un mélange de deux distillats ou plus : tout d’abord, un triple distillat que l’on appelle malt wine (vin de malt) composé de maïs, de blé et de seigle, ensuite, un distillat infusé de baies de genièvre, et enfin, une troisième partie possible peut être constituée de vin de malt re-distillé avec différentes plantes. Pour faire court, on peut simplifier le genièvre comme l’enfant du mariage entre un ‘whisky’ et un gin.
Recettes protégées
Depuis 2008, le Jenever est protégé par une AOC européen (Appellation d’origine contrôlée) en France, Belgique, au Nord de l’Allemagne et, évidemment, aux Pays-Bas. Cette AOC a d’ailleurs divisé le genièvre en deux catégories distinctes (exclusives aux Pays-Bas et à la Belgique): le jonge ou «jeune genièvre», qui ne peut contenir plus de 15% de vin de malt et 10 grammes de sucre par litre, et l’oude ou «vieux genièvre » qui doit contenir au moins 15% de vin de malt et pas plus de 20 grammes de sucre par litre. Les termes «jeune» et «vieux» ne font référence à aucun vieillissement mais plutôt au style nouveau ou ancien de fabrication du genièvre.
Le genièvre était à l’origine produit en distillant simplement du vin de malt (moutwijn en néerlandais) à 50% ABV. Le spiritueux résultant n’était pas très appétissant en raison du manque de techniques de distillation raffinées (seul l’alambic était disponible), de sorte que les distillateurs ont ajouté des herbes et des épices pour masquer la saveur. Parmi ceux-ci, ils ont utilisé la baie de genièvre, jeneverbes en néerlandais (qui vient du latin Juniperus), pour ses prétendus bienfaits médicinaux. D’où le nom jenever, et le nom anglais gin).
Histoire d’une baie
Vendu pour la première fois comme médicament à la fin du XVIe siècle, beaucoup pensent que le jenever a été inventé par un médecin et alchimiste néerlandais nommé Sylvius de Bouve qui travaillait sur la distillation de médicaments avec de l’huile de baies de genièvre. Mais les dates ne coïncident pas avec le système de taxation néerlandais et d’autres références notamment belges datant du XIIIe siècle. Ce ne sont pas ces propriétés médicinales qui le feront passer à la postérité, mais ses propriétés gustatives : la baie de genièvre permet d’aromatiser l’eau-de-vie de grain et de lui donner son bon si particulier.
Schiedam Distillers district
Schiedam se situe dans la périphérie de Rotterdam, dans la partie sud-ouest de la province de Hollande-Méridionale. Au plus fort de l’âge d’or de la production de genièvre à la fin du XVIIIe siècle, Schiedam abritait près de 400 distilleries (392 pour être exact) et exportait du genièvre à travers le monde. C’est à partir de cette époque que la ville a reçu son surnom de ‘Black Nazareth’, en raison des distilleries houillères qui polluaient l’air et teintaient de noir les rues de la ville.
Mais le boom ne devait pas durer. Une combinaison entre la concurrence de spiritueux moins chers, de l’ère de la prohibition et, surtout, du bombardement allemand de la Seconde Guerre mondiale – qui a détruit la majeure partie de Rotterdam – a conduit à la fin des distilleries de Schiedam et, en grande partie, du genièvre lui-même.
Distilleries du Schiedam Distillers district
Bobby’s Dry Gin, Onder de Boompjes, Herman Jansen, Loopuyt, Koninklijke de Kuyper, Nolet Distillery, Catz Dry Gin, Serious Bee
Nationaal Jenevermuseum Schiedam
Le Jenevermuseum est situé dans une ancienne distillerie et retrace toute l’histoire de la production hollandaise de genièvre d’hier et d’aujourd’hui. La distillerie actuelle produit toujours du Jenever de façon traditionnelle et possède un espace dégustation. Lange Haven 74-76, Schiedam
Café Jeneverie ‘t Spul
Robert et Ineke van Klaarwater possèdent ce café depuis plusieurs dizaines d’année. Ils détiennent plus de 500 références de genièvre ainsi que d’autres alcools locaux et proposent des ‘flights’ de genièvre en partageant tous leurs secrets. Hoogstraat 92, Schiedam