En cette fin du mois de mars, gâtée par l’arrivée des beaux jours, s’est tenu la troisième édition de Planète Bière, un salon qui regroupe ce qui se fait de mieux dans le monde brassicole (à l’exception de pas mal de micro-brasseries françaises qui représentent le fleuron actuel de la craft en France).
Planète Bière reste un événement phare de la bière en France -aujourd’hui le plus important sur Paris- et cette année encore les organisateurs nous ont gâtés avec la présence de certaines brasseries US (Lagunitas, Brooklyn Brewery, Stone, Rogue, Samuel Adams…), de brasseries européennes (Buxton, Meantime, Brewdog, BRLO, Crew Republic, Baladin, De Molen…) et de brasseries françaises et belges (Page24, Volcelest, Brasserie de l’Être, FrogBeer, Azimut…).
Mais alors que retenir alors de cette troisième édition ?
Heineken nous a présenté sa H71
La légende dit que Heineken aurait retrouvé la trace de Florent Pagny en Patagonie, ce dernier très embêté, se plaignait d’une levure sauvage qui pullule tout autour de son ranch… Heineken, de nature philanthrope, lui a proposé de s’en débarrasser comme ça, gratuitement (ils sont sympas chez Heineken !) et avec toute cette levure récoltée, ils ont produit une bière -la dénommée la “H71”- parce que ça fait plus scientifique paraît-il… Résultat ? et bien cette H71 est bien étonnante, la levure patagonienne lui procure un côté épicé, sauvage grrrr… une Heineken qui a du goût ? Incroyable et on assume nos propos car non, vous n’aurez pas notre liberté de pensée ! Si cette bière se fait discrète cette année dans quelques bars, elle ne sera disponible en GMS qu’à partir de 2018. #situveuxmessayer
\m/ La bière la plus métal !!! \m/
Si l’année dernière la bière “Marshall” brassée par la Mélusine nous avait déçu, cette année on a bien aimé la nouveauté proposée par cette brasserie vendéenne qui s’intitule “Hellfest” ! Une IPA très légère en amertume et assez consensuelle au final car même les metalleux ont un palais délicat. Alors c’est LA bière officielle du festival, mais ironie du sort, elle ne sera absolument pas servie dans le festival… que les headbangers que vous êtes se rassurent, elle sera présente tout autour du festival dans les supermarchés et autres points de vente… L’Incontournable du camping ! Pour ceux qui préfèrent écouter Beyoncé ou Rihanna, il vous reste la Despe ou la Cubanisto… disponibles chez vos épiciers de quartier (ça c’est cadeau parce que l’on est sympa). #dimeforever
Chaser or Boilermaker ?
Planète bière n’est pas que des stands de dégustations de bière, c’est aussi des expériences gustatives et des animations ! Au premier étage, on pouvait déguster à l’aveugle avec la cave Brewberry, une redécouverte des malts avec la Malterie du Château, un pairing aperitivo avec avec Peroni mais l’animation qui nous a le plus intéressé (on ne s’appelle pas Alambic Magazine pour rien) c’est bien évidemment le pairing Bière & Whisky animé par Jameson. Ce type d’association n’est pas nouveau, certains l’appellent le Boilermaker, ici on l’appelle le Chaser, tout dépend de la façon de le déguster. Une pratique très fréquente aux US et UK et malheureusement peu ou pas connue par chez nous mais qui mérite le détour. Le chaser le plus intéressant proposé fut le Jameson Black Barrel avec la Gueuze de chez Cantillon, terriblement efficace. L’acidité de la Gueuze venant se mêler aux arômes boisés du Black Barrel. #boilermakerteam
Les brasseurs américains envahissent Paris
Planète Bière c’est aussi des conférences où interviennent experts, brasseurs, journalistes et même les chefs cuisiniers de la télé. Une des conférences qui nous a le plus intéressé fut celle animée par Adam Dulye, directeur des opérations de l’American Brewers Association, sur le phénomène de la craft beer aux états-unis. L’objectif de cette conférence était de présenter les actions réalisées par cette association pour éduquer les gens autour des bonnes bières, leur donner les bases de la dégustation avec un jargon adapté et accessible, et leur proposer des food pairing. Adam n’est pas venu les mains vides, avec 6 bières craft proposées en dégustation lors de cette conférence de 30 minutes, autant vous dire qu’il fallait s’accrocher… Cette approche autour de l’éducation reste avangardiste et reste le nerf de la tant attendue démocratisation de la craft… et encore là, ces américains ont aussi 20 ans d’avance. #turfu
La Ice Cream, la star anglo-suédoise du salon
S’il y a bien une bière qui a éveillé la curiosité des visiteurs les plus avertis du salon, c’est bien celle-ci… Une collaboration folle entre la brasserie anglaise Buxton et la brasserie suédoise Omnipollo. La Ice Cream est une bière dessert par excellence, sur une base très simple de Pale Ale brassée sur un mélange blé et avoine, ajoutez à cela de bonnes gousses de vanille qui va parfumer le tout et une grosse dose de lactose pour rendre le résultat bien crémeux. Le résultat est une bière ovni, une tuerie pour les plus gourmands d’entre nous : c’est crémeux, ça sent la vanille à merveille tout en gardant une belle amertume. A déguster avec un fondant au chocolat ou un brownie ou bien un chaser avec la liqueur XO Café de chez Patrón… #seulslesvraissavent
Azimut, la toute jeune brasserie déjà hype
Avec son nom de société d’assurance mutuelle, cette jeune brasserie n’est pas là pour nous vendre des plans d’épargne vie mais bien pour nous faire boire de la bière. C’est l’une des brasseries qui fait le plus de buzz en ce moment dans le microcosme brassicole. Créée il y a seulement quelques mois, elle fait déjà l’unanimité chez les craft beer geeks et experts en tout genre. Pourquoi donc ? Nous n’avons malheureusement pas la réponse… la gamme proposée aujourd’hui reste cohérente mais rien de bien d’extravagant pour le moment à part une “stout sorachi” que l’on n’a toujours pas compris tellement elle était lunaire et une blanche bien foutue aux arômes de citron vert et basilic. Ça tombe bien ! C’est justement cette blanche qui a été primée “capsule d’or” dans la catégorie “dégustation” du salon. Ce qui reste impressionnant lorsque l’on sait que la brasserie a réalisé son premier brassin le 20 décembre 2016 ; donc oui, on peut dire en effet que leurs débuts sont très (très) prometteurs. #affaireàsuivre
Les autres bières qui nous ont marqué ? Pêle-Mêle :
La Sky Moutain Sour, collaboration acide et fraiche entre Buxton (UK) et To Øl (Danemark).
Aunt Sally, Lagunitas (US), une sour très réussie, très équilibrée, assez douce et fruitée, bière de frustration car non distribuée en France !
Cali-Belgique, Stone (US-Allemagne), belle association entre houblons californiens et levures belges.
Brainless on Peaches, Epic Brewing (US), moving to the country gonna eat a lot of peaches… #happiness
Et sinon, comment faire pour améliorer le festival ?
Rien ! On ne change pas une équipe qui gagne… quoique deux, trois idées nous ont traversé l’esprit :
1 – De l’eau ! Il faut de l’eau ! Alors oui, c’est l’ingrédient principal dans la bière et il y en avait plein donc, mais des bouteilles d’eau distribuée dans chaque étage, une eau simple et pas chère, de source pour rincer nos palais ! Car après 3 heures de dégustation, bah le palais il était flingué ! On a déjà vu ça sur d’autres salons et festivals de bière, simple à mettre en place, peu onéreux et très efficace !
2 – Trouver un moyen de faire participer les petites brasseries… on a bien une petite idée mais on ne va pas tout détailler ici, et c’est plus un projet à lancer indépendamment du salon.
3 – Organiser encore plus d’événements autour du salon et impliquer les acteurs locaux autour de cette grosse fête houblonnée !
// Karim Dubois