Nous détestons devoir faire la critique de nouvelles cartes cocktails. Enfin non, détester est trop un peu trop fort, mais cette perspective nous rend très nerveux. Mais ne vous méprenez pas à notre sujet, nous savons que nous avons beaucoup de chance que l’on nous ait demandé cela et à vrai dire, nous aimons l’excitation provoquée par la découverte d’une carte dernier cri (en général, nous ne répondons pas à moins qu’il y ait un petit quelque chose qui nous attire). Cela dit, nous étions extrêmement anxieux à l’idée que nous pourrions peut-être ne pas aimer le concept ou -Dieu nous en garde- les boissons. Il ne faut jamais sous-estimer le travail, la passion, la créativité et l’énergie nécessaires pour que tout soit impeccable, depuis les drinks jusqu’au choix de la verrerie, en passant par le support physique de la carte. C’est exactement pour cela que nous serions vraiment déçus si une fois sur place, il n’y avait rien d’extraordinaire.
Heureusement, ce ne fut pas le cas pour le Paradiso à Barcelone… Il y a tant de choses à apprécier dans cet endroit, à commencer par l’homme qui mène la danse : Giacomo Giannotti. Si vous trouvez que ce nom a une consonance italienne, vous avez tout à fait raison. Giacomo est fier d’être italien mais heureux de s’être installé à Barcelone avec sa fiancée Margarita qui s’affaire au bar, comme un chef.
Ayant représenté l’Espagne lors des finales World Class Global 2014, Giacomo est un homme qui s’y connaît en matière de préparation de cocktails mais des créations photogéniques à partager sur Instagram ne suffisent pas à faire le succès d’un bar. Tout à fait conscients du fait que le Paradiso devait conquérir un marché relativement peu connaisseur en cocktails -Barcelone est avant tout le berceau du gin tonic- Giacomo et son équipe ont travaillé d’arrache-pied pour séduire le palais des habitants et il semblerait qu’ils aient réussi. C’est la première chose importante que nous avons notée et la seconde est l’attention particulière portée au consommateur. Ouvrez la carte, quelque peu démesurée, et au lieu de vous fatiguer les yeux à essayer de lire les descriptions sous la lumière tamisée, la carte s’illumine pour votre plus grand confort – tout simplement. Un vrai bonheur !
Ces petites attentions nous installent encore plus confortablement dans nos sièges. Nous avons passé deux nuits là-bas, la première à découvrir les lieux, de la salle sinueuse au design en lambris (très Gaudí) dans laquelle vous pouvez entrer par le restaurant de Pastrami (qui vaut lui aussi le détour, ou d’en commander au bar) jusqu’au service parfait de l’équipe et des cocktails élaborés à la salle comble de monde.
Et bien sûr, nous avons aussi passé beaucoup de temps à goûter leurs astucieuses créations… Que pouvons-nous dire de plus ? Leur version du cocktail au whisky remise au goût du jour, The Great Gatsby, est tout ce à quoi vous pouvez vous attendre d’un cocktail sur cette base… mais en même temps un peu plus ! Dans le verre, vous trouverez du miel à la truffe blanche, de l’amaro et de l’essence de lavande, tout cela présenté de façon spectaculaire sous une cloche de fumée – c’est une bombe autant par l’apparence que par le goût. C’est un spectacle exceptionnel, tout comme le Mediterranean Treasure, leur cocktail savoureusement acide et salé, servi dans un coquillage et présenté aux clients dans un coffre au trésor enfumé. Il y a aussi la Prohibition Apple (Torres 15 Brandy, liqueur de gentiane, ketchup de pomme, cidre), merveilleusement mise en scène par un verre en forme de pomme et si vous êtes amateur de Martini, tout comme nous, n’envisagez même pas de partir sans vous émerveiller devant le Super Cool Martini.
Vous pourriez dire que tout cela est accessoire ; qui a besoin de toutes ces futilités quand tout ce que vous voulez, c’est juste un cocktail ? Vrai. Mais même si vous enlevez les coquillages, les cornes et les chevaux en bois (oui, vous pourrez en voir), il vous reste encore de très savoureuses préparations. De plus, rien de mieux qu’un peu de mise en scène pour vous faire sentir que vous en avez pour votre argent et de ce que nous avons pu voir, la foule qui se presse au Paradiso ne semble jamais en avoir assez.