Le Clubbing vit-il ses dernières heures ? À Londres, en moins d’un an, plus de 1000 clubs ont fermé comme le rapporte le très sérieux Trax Mag, confirmé par un second article du Monde Weekend. Et les raison sont multiples : certains clubs ferment par faute de recettes suffisantes, d’autres du fait des anicroches avec le voisinage ou sur volonté municipale.

La crise n’a pas épargné ce milieu, les londoniens préfèrent investir leurs économies dans des espaces récréatifs de qualité, lassés par le bruit et les consommations de piètre qualité ou sont-ils devenus des couches-tôt ? Pendant ce temps là, les pubs et les bars à cocktails se frottent les mains : ouverts plus tôt, moins encombrés et dotés d’une offre de pointue, ils récoltent les faveurs des noctambules. Paradoxalement, jamais Londres n’a compté autant de lieux récréatifs : l’engouement pour la vegan et new-wave food est tel que les enseignes de luxe, jalouses du succès rencontrés par les restau-snakes, ont intégré pour certaines des espaces de restauration à leur boutique (Burberry, Ralph Lauren…).

Si Londres vit une profonde mutation, Paris semble touchée par le même phénomène. Les parisiens ne rentrent plus à 4h du matin lorsque les premières effluves de croissants chauds s’échappent des grilles des boulangeries, préférant s’en remettre, du moins en semaine, à l’heure de fermeture légale des bars, soit 2h du matin. Exception faite des invétérés mondains-fils-de-pub dont la présence au bureau n’est pas exigée avant 10h. Ainsi, ayant fleuré le changement, les propriétaires de boîtes de nuit n’hésitent pas à revoir leur carte de boissons et à pourvoir leur lieu d’un véritable bar, parfois avec une pièce dédiée (Badaboum, Carmen, Chacha, Blaine…). Ils en tirent un bénéfice secondaire en pouvant désormais exploiter leur petite entreprise sur une plus grande amplitude. Dans une perspective opposée, les bars de quartier veulent nous faire danser jusqu’au bout de la nuit. On ne compte plus le nombre de bars à cocktails qui disposent aujourd’hui d’un dancing, cave dansante ou mini-club : À la française, Brasserie Barbès, Fantôme, Popeille… Enfin, une dernière catégorie d’établissement polymorphes vient agrémenter le paysage nocturne : à la fois hôtel, bar, restaurant et clubs, ils sont en mesure accueillir leur clientèle tout au long de la journée et de la nuit.

La nuit meurt ou s’invente une seconde vie ? Heureusement pour nous, la Mairie de Paris n’a pas encore procédé à l’enlèvement de l’ensemble des licences IV et -en attendant le prochain Jean Castel- il est temps de découvrir ce que ce frileux été nous chuchote, entre jolies adresses et erreurs de parcours.

// TOUT FRAIS.

Flow, Paris 7. Évoqué lors des dernières indiscrétions, le Flow vient d’ouvrir ses portes à côté du Rosa Bonheur sur Seine. Autrefois simple terrasse un peu bling, sa mise à l’eau lui permet de dévoiler une nouvelle facette de sa personnalité, plus arty et festive. Juliette Armanet, la nouvelle coqueluche de la pop, s’y est produit en showcase début juin. À suivre ! C’est où ? Pont Alexandre III 75007 Paris

La Clairière, Paris 16. Noctis se porte bien, merci. Alors qu’Addy Bakthiar a pris la décision de ne pas reconduire Longchamp cette année, Laurent de Gourcuff s’est engouffré sur ces terres. Après Bagatelle, le magnat de la nuit a acquis une partie du domaine de Longchamp pour y développer son aventure estivale intitulée La Clairière. Ouverte toute la journée et une partie de la nuit, le lieu éphémère qui s’étend au sein de la forêt, se veut ouvert (fini les physios, bonjour les présentes), éclectique mais surtout électronique. Pointue, La Clairière à déjà accueilli Etienne de Crecy. Bref, un Yoyo en plein air. C’est où ? 1 carrefour de Longchamp 75116 Paris.

Grand Train, Paris 18. L’appétence des parisiens pour les lieux à ciel ouvert insolites n’est plus à démontrer ! Investir des friches industrielles ou ferroviaires le temps d’un été est la nouvelle lubie des estivants. C’est ainsi que le Ground Control -ou plutôt désormais le Grand Train- revient pour une troisième année consécutive, toujours à la Chapelle mais dans une version nettement plus sage et culturelle ; les nuisances sonores et les fêtards un peu trop enjoués l’année dernière sont en partie responsable de ce remaniement. L’endroit, propriété de la SNCF, comprend pas moins de 8 bars, un marché mais également un dépôt-musée ferroviaire. Cette timide version fera le bonheur des familles et le malheur des mondains. Cela dit, la fête limitée à 23h fera également le bonheur des troquets voisins. C’est où ? 24 Rue Ordener 75018 Paris.

// HOT HOT HOT.

Les Arlots, Paris 10. Un ancien du Beefclub derrière un piano et non une station, c’est chose faite du côté de la rue du Faubourg Poissonnière. Son bistrot-gastro ne désemplit pas depuis son ouverture. Au programme, cuisine du marché – version terre et mer – et vins de qualité. Preuve de sa réussite : ses anciens patrons sont devenus ses plus fidèles clients. Normal, c’est bon ! C’est où ? 136 rue du Faubourg Poissonnière 75010 Paris.

Danico, Paris 2. Lové au sein du restaurant Daroco, sous une magnifique verrière dont la DA a été confiée à l’artiste-graffeur-tatoueur SupaKitch, le bar à cocktails du célèbre Nicolas de Soto (Mace, NYC), vient d’ouvrir ses portes. Des mois de préparation, bien employés, auront permis de donner vie un lieu merveilleux dont la décoration est à l’image de la qualité des breuvages. Dommage que la cuisine côté Daroco ne suive pas, entre cuisson hasardeuse et garniture chiche sur les pizzas. Paris – New-York en moins de 30 minutes pour un cocktail, on dit OUI ! Paris – Roma en moins de 30 minutes pour la cuisine, on repassera. C’est où ? 6 rue Vivienne 75002 Paris.

Danico_Paris

Gintoneria, Bordeaux. La fièvre du gin-to’ a frappé la scène bordelais. Déjà bien implantés avec L’Alchimiste et le CanCan, Clément Sargeni et Romain Bruxer ont poussé les murs du 16 rue du Parlement Saint Pierre pour y installer -une porte à côté- un bar à gin-tonic. Plus de 50 gins seront en dégustation et en perfect serve avec une dizaine de tonics différents, quelques Spritz et une petite cuisine créative. Dans 10 ans, ils auront racheté toute la rue ! C’est où ? 16 rue du Parlement Saint Pierre, Bordeaux

// OFF.

Maison Sage, Paris. Après le célèbre Silencio imaginé par David Lynch, la rive droite va accueillir une seconde maison de nuit pour créatifs : la Maison Sage. Résidence d’artistes, repaire de mondains et lieu d’expositions, son ouverture ne cesse d’être repoussée malgré un marketing des plus agressifs. Même si les proverbes c’est très con, on ne peut s’empêcher de penser qu’il faut « battre le fer tant qu’il est chaud ». Le mondain se lasse rapidement du bruit, surtout dans le marais. Ça dev(r)ait être où ? Paris.

Monsieur Antoine, Paris 11. Imaginé par Hugo Pomorat, ex- chef barman du Beaucoup, Monsieur Antoine prendra place dans un espace à la « titi parisien » avec une terrasse, bières artisanales à la pression, grignotage de bons produits et bien évidemment une belle carte de cocktails. Hugo derrière le bar, ambiance survoltée assurée ! Ouverture début septembre. C’est où ? 17 avenue Parmentier 75011 Paris.

Simone Veille, Paris 8. Le Marignan se dépoussière avec de gros travaux et l’arrivée du branchouille Juan Arbelaez. Nom du nouveau restaurant : le Nubé. Le chef colombien devrait encore faire parler de lui puisque les premiers retours sont très positifs, surtout qu’il ne souhaite pas s’arrêter là avec un lien particulier avec le bar de l’hôtel lui aussi dans une nouvelle dynamique. C’est Pauline Le Dilly (ex- Candelaria) qui en prend les commandes et petit clin d’oeil à l’industrie, plusieurs cocktails signatures d’autres bars de Paris et de Navarre seront à la carte. On aime l’état d’esprit ! C’est où ? 12 rue de Marignan 75008 Paris.

Simon_Veille_Paris_Marignan

Bonhomie, Paris 10. L’équipe du Little Red Door et du Lulu White ouvre leur troisième adresse : restaurant-lieu de vie-bar à cocktails aux notes méditerranéennes, Bonhomie est à première vue compliqué à décrire. Une chose en sûre, le bar -qui devrait être tenu par Ben Tyler (Little Red Door) et supervisé par le talentueux Rémy Savage- est l’une des ouvertures ‘cocktails geek’ les plus attendues. Ça va envoyer du cuban roll ! Ouverture courant de l’été. C’est où ? 22 rue d’Enghien 75010 Paris.

Solera, Paris 5. Christopher Gaglione (ex- chef barman Prince de Galles) dévoile enfin son concept bar : Solera. Comme son nom l’indique, le lieu, imaginé par un designer connu « vu à la tv », va surfer sur la fameuse technique de vieillissement en continu tout en gardant un lien particulier avec la cuisine. Ça bouge un peu Rive Gauche et ça, on aime ! Ouverture en septembre. C’est où ? 283 Rue Saint-Jacques 75005 Paris.

// CHUCHOTEMENTS.

Aux dernières nouvelles, le duo de Pigalle Charaf Tajer et Stéphane Ashpool a mandaté un architecte d’intérieur pour leur prochain lieu. L’été suffira-t-il pour donner vie à leur club ?

On en sait plus sur la prochaine création du gourou nocturne, Laurent de Gourcuff, du côté de la Gare Saint-Lazare. Son lieu devrait se décliner sous la forme d’une collection de salons intimistes nommés Le Fumoir. L’endroit semble beaucoup trop spacieux pour n’être qu’un simple restaurant…

Les rumeurs circulent, le milieu bobo frétille d’impatience, l’attente est grande : il se chuchote qu’Ober Mamma suivrait le Perchoir à la Gare de l’Est. Séparément. Oui, faut pas rêver non plus… Une chose est sûr, Ober Mamma sera à Batignolles d’ici quelques semaines / mois ! Nom de code dans le milieu : « Poussettes Mamma »

En remontant le canal Saint-Martin et de l’Ourq jusqu’à Pantin-Bobigny, on peut apercevoir d’anciennes manufactures et ateliers d’artistes repensés en lieux récréatifs et culturels. Le Grand Paris devrait nous offrir quelques jolis endroits, temples hispteros-bobos en devenir.

Lorsque le soleil se fait plus pressant et que les journées se rallongent, les paillotes-cafés-bars éphémères poussent à vue d’œil. Ainsi, les berges de la bibliothèque François Mitterrand accueillent année après année de nouveau arrivants : il faudra désormais compter sur la Vagalame, la Paillote et la terrasse de la Dame de Canton. On redoute l’embouteillage l’année prochaine.

Nouvelle team à l’UC-61, c’est Yann Tessier -ex- Prescription Cocktail Club- qui prend la direction du bar accompagné par Kévin Govindin, ex- Forum v1 (oui oui, on précise maintenant…).

// FERMETURES ET MOUVEMENTS.

Le groupe Spell (Addy Bakthiar) a été mis en redressement judiciaire le mois dernier. Selon les dires des relations presses, il ne s’agit que d’une étape nécessaire dans le processus de remise à flots du groupe mais le célèbre agitateur des nuits parisiennes semble bel et bien dans une très mauvaise passe. Ses dernières coûteuses acquisitions n’ont pas rencontré le succès espéré… Il va rebondir, c’est sûr, mais où ?

Habitué des départs éclairs parfaitement storytellisés, Ludovic Ménard (ex Queen, Cab) a quitté l’ancien Rouge Pigalle qu’il avait renommé en Confiserie, six mois après avoir quitté la direction artistique du Gibus. Sa prochaine aventure se prénomme Cats&Dogs et devrait prendre la forme d’un festival de musique électronique. Tout ça du côté du Social Club et ce jusqu’à ce qu’il se brouille avec les propriétaires des murs, ou que le lieu, très menacé, ne soit transformé en Bio C Bon

Devenu le 5, l’ex Pompom n’attire guère les foules malgré une volonté de pérenniser l’esprit instillé par le célèbre PPP. Les événements de la FashionWeek seront-ils un aussi grand fiasco que ceux de la dernière ? Dans le pire, on peut être meilleur.

// Aurélien Olivier