Alors que le 11e tome des Gouttes de Dieu, le manga dédié au vin, vient de sortir en France (aux éditions Glénat), retour sur un phénomène de société au pays du Soleil Levant.
Les Gouttes de Dieusont nées de l’imagination d’un frère et d’une sœur (sous le nom de plume de Tadashi Agi pour le scénario), fous de vin notamment français, et du coup de crayon de Shu Okimoto. Le manga conte la quête initiatique de deux frères rivaux, l’un adoptif et l’autre biologique, de douze vins fabuleux, les douze apôtres, qui doivent mener à un treizième, les fameuses Gouttes de Dieu. En effet, à sa mort, leur père, un œnologue japonais de renom, a décidé de léguer sa cave composée de vins plus exceptionnels les uns que les autres à celui de ses fils qui arrivera à déchiffrer les énigmes des douze apôtres.
L’intérêt du manga réside dans son approche à la fois pédagogique, simple et sensible. Chaque dégustation est représentée comme une expérience culturelle qui renvoie aussi bien à la peinture, la musique, à des scènes de vie ouvrant la porte sur un monde inconnu. Tel vin incarnera le carnaval de Venise, tel autre un concert de Queen rendu avec subtilité par les dessins. On s’initie au fil des pages au notions de cépages, terroirs, millésimes, le vin étant perçu comme l’aboutissement du travail du « ciel, de la terre et des hommes ». Les auteurs rendent un hommage appuyé au vignoble et aux appellations français.
Au-delà de l’intrigue, le manga a réussi à susciter un véritable engouement au Japon pour le vin, en particulier celui des plus jeunes, un tour de force que moult campagnes de publicité et de marketing peinaient à relever. Plus de 6 millions d’exemplaires auraient été vendus au Japon et plus de 3 millions dans le reste de l’Asie depuis la sortie du premier volume de la saga en 2005. Ainsi, la première année de parution du manga, les ventes de vin se sont envolées de 130% au Japon, pour le grand bonheur des vignerons français. A tel point que certains châteaux, cités au fil des épisodes, se retrouvent victimes de leur succès à l’instar du château Mont-Pérat (Premières côtes de Bordeaux) qui n’arrive plus à répondre à la demande à l’export.
La France sait se montrer bonne fille envers les auteurs de ce petit miracle. Ces derniers se sont vus décerner le Prix Spécial du Jury dans le cadre des trophées des « Dix Hommes de l’année 2010 » de la Revue du Vin de France qui récompensent les acteurs les plus dynamiques du vin. Une première pour des Japonais au cours de l’histoire de cette vénérable revue de 82 ans d’âge.
Espérons désormais que, comme le bon vin, les Gouttes de Dieu continueront à se bonifier au fur et à mesure des nouveaux épisodes à venir.
Céline D.