Il est un temps que les moins de 25 ans ne peuvent pas connaître ; celui qui a vu les Jackets, Pompom, Beatrice Inn et Fidélité réunir les plus beaux oiseaux de nuit. Le Pompon et le Jackets ont fermé suite aux plaintes des voisins chagrins. Le Beatrice Inn et la Fidélité ont fermé suite à la lassitude de ces habitués qui font et défont la réputation des lieux de nuit. Le Pompom, tel un phénix, a retrouvé la vie avenue de l’opéra en mars dernier. C’est désormais au tour de la Fidélité de retrouver raison.
En 2013 encore, on pouvait trouver au 10 rue de la fidélité, un appartement, un restaurant et une « cave-dancing ». Chaque weekend, la créature nocturne hybride conçue par le duo André-Lionel accueillait la crème de la crème des agitateurs des nuits parisiennes. Et puis, la créature devenue désuète s’est effondrée en plein vol.
Deux ans après, presque rien a changé, à part que les créateurs au chapeau haut de forme iconique ont quitté le navire ou plutôt ont rompu. Comme d’antan, les fins gourmets et les mondains se pressaient sur le trottoir de cette rue située à l’intersection du boulevard Magenta et du boulevard de Strasbourg par un jeudi de mai, jouant des coudes pour assister à la résurrection de la Fidélité.
Fidèles à la Fidélité, celle d’avant, ils ont pu découvrir un nouvel endroit transformé par presqu’un an de travaux. Les sautilleurs de banquettes regretteront la disparition de la cave, les fines papilles apprécieront l’agrandissement de la brasserie et son raffinement. Les amateurs de cocktails y trouveront leur compte.
La devanture art deco sur laquelle est gravée la « Fidélité » laisse entrevoir le lieu grâce à de larges vitres. L’intérieur se divise en une salle de brasserie carrelée, banquettes en velours et tables rondes, un bar supplanté par un miroir qui n’est pas sans rappeler celui du Carmen et une mezzanine avec vue imprenable sur le quartier du château d’eau. La verrière au milieu de la brasserie recouverte de végétaux est un véritable puits de lumière qui éclairera aussi bien les visiteurs du déjeuner en quête d’un café que les noctambules. Le lieu s’apparente à un petit hôtel particulier ou cohabitent colonnes de style romain, lustres en cristal et ferronneries. Bref, un véritable émerveillement pour les yeux.
Vous ne mettrez pas longtemps avant de deviner les noms des créateurs du lieu tant leur empreinte dans la carte des réjouissances est présente. Ainsi, en jetant rapidement un regard sur cette dernière, la dénomination d’un plat risque de vous mettre sur la piste. Vous aurez compris, nous parlons bien évidemment du burger du dépanneur car, oui, derrière la nouvelle Fidélité se cachent messieurs Bourdoncle et Demarne, créateurs du célèbre troquet ou plutôt des célèbres troquets de Pigalle. La restauration reste traditionnelle mais n’en est pas moins pointue.
Conforme à l’esprit brasserie, le comptoir propose des bières, du vin -on notera quelques grands vins de bourgogne- ainsi qu’une carte de cocktails mettant à l’honneur les grands classiques tels que le Moscow Mule, Cheeky Tiki ou ce très surprenant PPS ou Pisco Pear Sour. Assis sur la banquette en velours verte, éclairé par la bougie, bien entouré, il ne fait aucun doute que vous deviendrez un fidèle de la Fidélité. Un café, un plat entre ami(e)s, un dernier verre de nuit.
// La Fidélité • 10 rue de la fidélité 75010 Paris
Ouvert du lundi au dimanche jusqu’à 2 heures
// Aurélien Olivier