Rangés, les shorts, serviettes et crèmes solaires. Sortis, dossiers, cartables et bonnes résolutions. Alors que les lieux éphémères vivent leurs dernières heures ou semaines, les petits derniers montrent le bout de leur nez afin de se faire une place au soleil ou à la pluie. L’été sera indien ou ne sera pas.
La nuit s’acoquine de plus en plus avec l’art, les boîtes deviennent des « clubs » – question de sémantique ou volonté d’anoblir les endroits sombres (parfois autant que leur réputation) – les clubs se transforment en d’élégants hôtels-boutiques- bars-restaurants. L’heure est à la polyvalence ; comme à Londres diront les imbus tenanciers.
Saint-Germain se réveille ou s’éteint, selon le point de vue : la Hune a tourné sa dernière page, mais les livres gagnent les étals de Sonia Rykiel et les banquettes du Montana. Pour le reste, Berlin a le vent en poupe, la culture street et underground est à l’honneur. Les bars à cocktails sont toujours aussi courus, certains ont fleuré le bon filon. Si la très contestée mais fréquentée Brasserie Barbès a montré les prémices d’une évolution nocturne de ce quartier populaire, Pigalle reste encore très convoitée. Les voyous ont quitté définitivement le secteur laissant les bars à hôtesses et sex shops à un fatal et cruel destin. Devenue « le nouveau Oberkampf » comme l’avait prédis l’oracle Hervé Siard (DA du Carmen), la lassitude risque de gagner les ingrats fêtards, ceux-là mêmes qui l’avaient adoubée. La rentrée apporte son flot de nouveautés ; réelles ou réchauffées, flop ou top, on le saura bientôt. Propositions et bons plans à foison, ce sont les indiscrétions.
// TOUT FRAIS.
Baranaan, Paris 10. Beaucoup de bruit pour ce nouveau lieu de nuit dans le quartier du 10e qui contenue gentiment sa gentrification. Monté par le fils des propriétaires de l’excellent restaurant indien Bollynan (Montorgueil) et son cousin ex-financier, Baranaan se veut comme un voyage en train au coeur de l’Inde. L’ambiance y est cool et peuplé de jeunes qui voit ici un bon lieu exutoire malgré une déco qui se rapproche davantage du dinner américain ayant mal vieilli que de la promesse ferroviaire initiale. La food est bonne (‘merci papa’) même si on ne comprend pas l’intérêt de l’entrée façon salon de thé. Les amateurs de cocktails, quant à eux, passeront rapidement leur chemin pour les établissements proches (Le Syndicat, CopperBay) proposant des cocktails de bien meilleure facture pour un prix identique voir inférieur. C’est où ? 7 rue du Faubourg Saint Martin 75010 Paris
Le Montana, Paris 6. Une fois n’est pas coutume, la rive gauche défraie notre chronique ! L’ancien club de la rue Saint-Benoit considéré comme « le plus sélect » de Paris où se croisaient Kate Moss et Olivier Zahm vient de se muer en un ultra chic hôtel-bar-club-restaurant. L’hôtel s’élève sur 8 étages et comporte 6 suites, empreintes de culture, imaginées par Vincent Darré. Le restaurant baptisé « La gauche caviar » se trouve au premier étage, entouré par des milliers de livre (ce n’est pas fait pour toucher NDLR). Le rez-de-chaussée soigneusement caché par les iconiques rouges et épais rideaux abrite un bar à cocktails. Enfin, le sous-sol dansant a également subi un petit rafraîchissement. Un rooftop devrait être très bientôt dévoilé… C’est où ? 28 rue Saint-Benoit 75006 Paris
Manko, Paris 8. Benjamin Patou (Moma Group), notamment propriétaire de l’Arc, du Pavillon Étoile et du Bus Palladium, a investi l’ancien hôtel des ventes de Drouot pour en faire un restaurant péruvien. Aux commandes, un ténor des pianos, Gaston Acurio. La petite particularité ? Tous les weekends, le lieu se transformera en cabaret. Aux oubliettes Moulin Rouge et Lido ! C’est où ? 15 avenue Montaigne 75008 Paris
Nouveau Casino & Café Charbon, Paris 11. Le célèbre duo d’Oberkampf qui ne cesse d’agiter les nuits du 11e a fait sa rentrée. Après un changement de propriétaire cet été, le lieu s’est refait une petite beauté avec notamment une nouvelle charte graphique. Ce mythique club conserve son affinité pour l’underground. Le Nouveau Casino propose des concerts des 20h puis reste ouvert toute la nuit. Le Café Charbon, lui, accueille des djs de 20h jusqu’à 4h du matin. C’est où ? 109 rue d’Oberkampf 75011 Paris
À la folie, Paris 19. Après la Philharmonie, la Halle, c’est désormais un bar qui vient de s’ouvrir du côté de la Vilette. Esprit guinguette, terrasse et flippers nippons sont annoncés. Le décor qui allie bois, béton et plantes exotiques a été imaginé tout l’été pour vous accueillir comme il se doit ! C’est où ? 26 avenue Corentin Cariou 75019 Paris
Hôtel panache, Paris 9. Depuis quelques mois, on ne parle que d’elle : Dorothée Meilichzon ! Architecte d’intérieur, elle s’est occupée de la décoration de nombreux bars (Night Flight, Ballroom), hôtels (Hôtel Bachaumont, Grand Pigalle Hotel) et cafés (Pinson). Couronnée par le salon Maison&Objets l’année dernière, elle présente son dernier projet : l’hôtel Panache. Salle de projection au sous-sol, brasserie design au rez-de-chaussée et bien sûr, une quarantaine de chambres dans les étages. C’est l’art nouveau qui est sublimé, vous qui trinquez (ou dormez). C’est où ? 1 rue Geoffroy-Marie 75009 Paris
Club Zéro, Paris 11. Le Gibus vient de confier une partie de sa direction artistique de leur club aux organisateurs des célèbres Flash Cocotte et Jeudi OK. Ils ont désormais rebaptisé le Gibus en Club Zéro et leur résidence une fois par mois. Intitulée Possession et imaginée en collaboration avec un collectif parisien La Horde, la soirée d’une durée de 12h devrait cumuler performances artistiques et sets de qualité. Dans le noir. Complet. C’est où ? 18 rue du Faubourg du temple 75011 Paris
// HOT HOT HOT.
Lorelei, Paris 9. Voisin du Dr Lupin, cet ancien bar à hôtesses fermé en 2013 en même temps que La Bohème ou le Diam devrait réouvrir sous la forme d’un bar à cocktails d’ici peu de temps. Conserver l’âme des bars à hôtesses oui, mais sans les ennuis. C’est où ? 1 rue Frochot 75009 Paris.
Virgo, Paris 14. Les nostalgiques de l’Enfer devenu Redlight vont pouvoir se réjouir : le club situé à côté de la tour Montparnasse devrait renouer avec ses anciens démons. Après plusieurs tentatives vaines de réouverture, le tenancier du lieu, Laurent de Gourcuff a délégué la direction musicale à deux collectifs artistiques -Sonotown et Rafinerie- comme c’est désormais le cas dans la plupart des clubs parisiens. La programmation (house-electro-minimale) est en tous cas ambitieuse ! Ouverture le 25 septembre. C’est où ? 34 rue du départ 75014 Paris
Le Magnifique, Paris 1. Le célèbre bar à cocktails-club situé à quelques pas du Louvre « réouvre » pour la énième fois avec une nouvelle équipe, un nouveau décor et une nouvelle programmation (espérons que ça dure !). Aux platines, notamment, Sacha Dahan du Baron et les jumeaux Doppelganger (Nüba). Réouverture de trop ou révélation..? C’est où ? 25 rue de Richelieu 75001 Paris
Under club, Paris 1. L’esprit berlinois est en train de s’emparer de Paris : après le Ground Control, voici l’Under Club. Caché au cœur de châtelet, les directeurs artistiques Laura Perez et Jonathan Chane Kane devraient offrir une sélection très pointue orientée house-electro dans ce néo-quartier de la fête aux allures street. PS : Rassurez-vous, Sven Marquardt n’est pas à la porte alors détendez-vous. C’est où ? 57 rue Quincampoix 75004 Paris
Queen, Paris 8. Bail trop élevé, pressions de la part des propriétaires des murs, clients lassés ? Difficile d’expliquer les raisons qui ont poussé Philippe Fatien (propriétaire du Queen) à déplacer son établissement anciennement situé au 102 de l’avenue des Champs Élysée pour l’ex Club 79. Entièrement repensé et redésigné aussi bien visuellement que musicalement, le club conservera tout de même son côté kitsch et bling qui a fait sa fierté ! C’est où ? 79 avenue des Champs-Elysées 75008 Paris
// OFF.
La Compagnie 1836, Paris 8. On vous en parlait lors des dernières indiscrétions, Laurent de Gourcuff (Noctis Group) avait annoncé l’ouverture d’un nouveau lieu à la gare St Lazare. Il s’agira d’un restaurant qui s’étendra sur pas moins de 750 m2 au premier étage de ladite gare ! C’est où ? 13 rue d’Amsterdam 75008 Paris
Nicolas de Soto. Le bartender à l’aura internationale installé à New York et propriétaire du Mace revient en France, à Paris et plus précisément Galerie Vivienne. Ce haut lieu du quartier Palais Royal accueillera donc un bar à cocktails dans un espace que la profession décrit déjà comme « complètement hallucinant ». Ouverture en mars 2016. C’est où ? Galerie Vivienne 75001 Paris.
// CHUCHOTEMENTS.
Laurent de Gourcuff (encore!) a également annoncé l’ouverture d’un restaurant au sein de la Cité de l’Architecture mais aussi dans un ancien parking de la butte Montmartre. Au programme, une vue de Paris sur 360 degrés ! Enfin, il a évoqué le nom d’un projet qui lui tient à cœur et dont on saura plus très bientôt : Constance.
Rentrée chargée pour le groupe de l’Expérimental Cocktail Club. Le Fish Club a fermé en juin dernier. Depuis, le mystère demeure. Selon les premiers indices, c’est un bar à vins portugais qui devrait prendre sa place. À moins que cela ne soit qu’une rumeur..? Le célèbre trio a également annoncé l’ouverture d’un hôtel-bar à Londres. Vous pourrez le découvrir très bientôt. Enfin, un ouvrage rassemblant les recettes des plus grands cocktails inventés par les bartenders du groupe est prévu pour octobre !
Au revoir ! L’échec semble inéluctable pour le club situé rue Saint Fiacre. Après le Saint Fiacre, le Club Ekō ferme à son tour ses portes. Reste à savoir s’il sera remplacé. Dans le même temps, faute d’avoir trouvé son public et en l’absence d’une programmation cohérente, le Monseigneur pourtant avant-gardiste à Clichy, a définitivement fermé cet été. Dommage ! À Pigalle, certains clubs ferment au profit de supermarchés. Aussi étonnant que cela puisse paraître, c’est le triste sort qui frappe Le Dandy. Fermeture à la fin du mois.
// Aurélien Olivier • crédit photo Baranaan / Le Montana / Manko / courtesycourtney / bluami_lsd / xavierpadovani
