La Whisky Embassy faisait cette année partie des hot spots du BCB, le Bar Convent Berlin, où Becky Paskin veillait au grain en animant plusieurs échanges passionnés ; allant de la place de la femme dans le monde du whisky à l’évolution du whisky bar.
Becky Paskin : une maître de cérémonie qui aime le whisky
Pour ceux qui ne la connaisse pas, Becky Paskin fait partie des grandes figures de l’industrie : elle est journaliste depuis plus de 15 ans et a contribué à diverses revues spécialisées. Elle est reconnue comme l’une des personnes les plus influentes dans le secteur et est aussi une défenseuse de l’égalité et de l’inclusion dans l’industrie mondiale du whisky. Elle a lancé la fondation OurWhisky pour récolter des fonds avec le premier festival virtuel de whisky au Royaume-Uni en 2020.
La plateforme est ensuite devenue gratuite pour rendre le monde du whisky moderne et inclusif, proposant des programmes de qualification, des stages, un programme de mentorat ainsi que des séminaires et ateliers, tous conçus pour aider les femmes à progresser avec succès dans l’industrie. Et pourtant, lors d’une soirée, alors qu’elle expliquait son parcours, un verre de whisky à la main, on lui a demandé : do you even like whisky ? Cette petite phrase a été le déclic pour qu’elle mette tous ses efforts dans la démocratisation du whisky et l’inclusion des femmes dans sa représentation ; notamment en organisant un shooting photo inclusif.
L’ exposition médiatique : clé du changement de perception
De manière subliminale, l’absence de représentation diverse dans les médias envoie le message que “vous n’avez pas votre place ici” et Becky Paskin fait en sorte que tout le monde trouve sa place et dépoussière l’image genrée du whisky. Becky se réjouit de l’arrivée de Beyonce dans le business, elle estime que SirDavis a le potentiel de provoquer un changement culturel majeur dans notre perception des amateurs de whisky et apporter de nouveaux consommateurs, fans de l’artiste.
Les femmes n’ont pas attendu que leur image et la perception des autres n’évoluent, elles travaillent et font partie intégrante de l’industrie, certaines se font d’ailleurs fait remarquer pour leur talent, un exemple avec Stephanie Macleod, Master Blender chez Bacardi et première femme à être nommée Master Blender de 2019 à 2024, difficile de croire qu’elle a bénéficié de discrimination positive 6 fois d’affilé.
Réinventer le whisky : exploration des innovations en matière de production
Plus récemment, et de façon plus confidentielle, une distillerie à l’approche artisanale dirigée par une équipe presque entièrement féminine et notamment la géniale Sienna Jevremov, nouvelle Head Distiller et Blender de Widow Jane a retenu notre attention. Elle a repris le flambeau après Lisa Wicker en 2022 et n’hésite pas à passer de la distillation à l’assemblage tout en expérimentant avec des fûts autres qu’en chêne comme pour le Widow Jane Decadence Bourbon qui est affiné dans des fûts ayant contenu du sirop d’érable (!) artisanal.
Sienna est à la tête de nouveaux projets comme The Vaults 2023 et 2024 (le 2024 étant vieilli en fûts d’Amburana qui est normalement utilisé pour la cachaça) qui méritent vraiment le détour (notre coup de cœur lors du BCB, ndlr). Un process très méticuleux, précis et artisanal, avec des ingrédients uniques comme le Baby Jane Corn qui est tout simplement unique à la distillerie : l’eau utilisée qui provient de la mine Widow Jane, connue pour sa haute teneur en minéraux, contribue à la complexité et à la pureté des whiskies.
Autre profil talentueux rencontré lors du BCB, Kyra Elton, Brand Ambassador chez Samson & Surrey, nous a organisé une dégustation de plusieurs de ses whiskies, notamment le FEW Immortal Rye, une expression intrigante de la distillerie FEW Spirits, située à Evanston, Illinois. Sur une base de FEW Straight Rye cask strength, le whiskey est ensuite réduit avec du thé Oolong “8 Immortals” extrait à froid, ce qui lui apporte un finish complexe et délicat. Ces innovations sont le résultat de beaucoup de recherche par des professionnels très talentueux (hommes et femmes) passionnés du whisky. Ils savent s’appuyer sur la tradition et en divergent pour créer la surprise et nous les en remercions !
The Evolution of the Whisky Bar
Parlons aussi de John Glaser, le fondateur de Compass Box, qui a longtemps lutté pour changer la perception du blend vs le single malt. Il a su redonner ses lettres de noblesse à l’assemblage, souvent considéré comme un processus industriel, en le présentant comme un art raffiné et respecté, excusez-moi du peu. La marque est aujourd’hui appréciée des bartenders, dont Chris Tanner (Dram London) et Cressida Lawlor (Sexy Fish) qui ont recréé, lors du BCB, plusieurs cocktails – que vous pouvez aussi retrouver dans leurs bars respectifs. Ils osent mixer de très bons whiskies et font partie de ces personnes qui ont le pouvoir de changer la perception de spiritueux auprès du grand public.
Dans le monde du bar, il y a quelques ‘tricks’ pour attirer les amateurs de whisky, dont le graal reste l’embouteillage unique fait pour un bar en particulier, par une marque prestigieuse (c’est mieux) qui ne se consomme que sur place (les collectionneurs rodent…). Sexy Fish en a fait une offre dédiée. Une fois le guest arrivé pour siroter son whisky préféré, le bartender va pouvoir prendre le temps d’échanger avec lui et faire évoluer ses goûts, via la découverte de nouveaux produits. On ne nait pas grand connaisseur en whisky, on apprend ; le palais évolue avec le temps et les dégustations.
La tradition n’est pas le culte des cendres, mais la préservation du feu. _Gustav Mahler
Finalement tout n’est que question de perception et d’ouverture d’esprit, comme le dit si bien Becky Paskin. Nous trouvons d’excellents whiskies traditionnels sur le marché mais aussi des petites pépites innovantes et les amateurs ne s’en plaignent pas.
Que vous buviez votre whisky neat, on the rocks, avec une pointe d’eau, en highball ou en cocktail, que ce soit un single malt, un blended malt, un bourbon, un whiskey, un rye, un single pot still, qu’il provienne d’Ecosse, d’Irlande, des Etats Unis, du Canada, du Japon, d’Inde, d’Australie, de France, qu’il soit produit, distillé, importé, distribué par des hommes et des femmes, l’important est de passer un bon moment sans jugement tout simplement.