La distillerie du Noyau de Poissy telle qu’on la connaît aujourd’hui est née d’une « guerre des noyaux » entre le Véritable et le Vrai Noyau de Poissy.
En 1800, le Noyau de Poissy est fabriqué par Léon puis Ambroise Violleau. Leur successeur, Alexandre Delporte reçoit en 1826 la visite de la Duchesse de Berry, alors belle-fille de Charles X, qui le récompense d’un « Gobelet d’argent » pour la qualité de sa liqueur. C’est en 1882 avec l’arrivée d’Alphonse Louis Dumont que le Noyau de Poissy connait un nouvel essor, sous la marque « Au Gobelet d’Argent » justement.
La réputation de cette liqueur s’étend en déclarant fabriquer le « Véritable Noyau de Poissy » mais dans le même temps, d’autres liquoristes s’installent à Poissy dont Alfred Chaumont qui fabrique des sirops et différentes liqueurs. En 1906, Joseph Duval rachète le fond et fabrique une liqueur blanche distillée à base de noyau d’abricot et dépose aussitôt la marque « Noyau de Poissy » au greffe du tribunal de Versailles. La guerre des Noyaux est déclarée, Dumont affirmant fabriquer le « Véritable Noyau de Poissy » et Duval le « Vrai Noyau de Poissy ». L’histoire prend fin en 1931 où « Véritable » perd le procès face au « Vrai » et en 1954, Dumont cède son fond à Duval pour enfin réunir les deux Noyaux !
Aujourd’hui, les deux recettes coexistent et sont toutes deux fabriquées dans la Distillerie du Noyau de Poissy, dans les locaux mêmes de l’ancienne Distillerie Duval, au cœur de la ville éponyme.
Dans cet atelier, 2 à 3 jours par mois, les macérations et les alcoolats d’amandes et de noyau d’abricots sont distillés pour perpétuer la tradition. L’assemblage final et la mise en bouteille sont effectués en Bourgogne sur le site du liquoriste Védrenne à Nuit-Saint-Georges, la Distillerie du Noyau de Poissy appartenant depuis 1999 au groupe Pagès-Védrenne-Salers.
Le Noyau de Poissy, c’est deux recettes, deux liqueurs (enfin trois) :
• Le Noyau de Poissy ambré « Gobelet d’Argent » 25°, obtenu par macération d’amandes de noyau d’abricots dans de l’eau-de-vie d’Armagnac vieilli en fût de chêne et aromatisée.
Nez : frangipane très franche, galette chaude, beurre, amande douce.
Bouche : attaque suave et gourmande, bouche pâtissière sur la frangipane vanillée, ronde, légères notes boisées, finale caramel, cannelle et amande fraîche.
• La Noyau de Poissy blanc « Sceau de Saint Louis » 40°, obtenu par distillation d’amande de noyau d’abricots dans une eau-de-vie de Cognac avec un ajout d’eaux florales et d’épices.
Nez : vif, légère point d’éthanol, fleur d’oranger bien marquée avec amande, vanille et agrumes.
Bouche : attaque ronde et gourmande, pointe grasse, grosse sucrosité en bouche, agrumes, fleur d’oranger, fruits à chair jaune abricot peche blanche pêche des vignes finale pâtissière gâteaux marocains fleur d’oranger
• Liqueur de Paris 18°, obtenue à par macération et distillation de noyaux de prunelle puis aromatisée.
Nez : léger, amande douce et vanille.
Bouche : assez légère et aérienne sur l’amande, vanille, ensemble pâtissier et baies sauvages, finale soyeuse et linéaire.
// texte Morgane Ferrer photos et dégustation Sébastien Foulard