Lorsque l’on songe vin en période estivale, il est aisé de le faire rimer avec rosé, un bon repas sera volontiers accompagné d’un bon rouge ou un bon blanc et une grande occasion arrosée de champagne. Nous avons donc choisi l’été indien pour vous parler des pétillants ! Alambic Magazine vous emmène à la découverte d’appellations méconnues, cette fois en direction du Languedoc : Limoux.
// Limoux : biodiversité, influences climatiques et histoire.
Connaissez-vous Limoux ? Située en plein pays cathare, cette ville riche d’histoire côtoie la plus célèbre Carcassonne. Un terroir riche d’appellations solides et envoûtantes qui connaissent ces dernières années une renommée salutaire. Limoux, moins connue du grand public, possède pourtant plusieurs particularités qui font de ses terres vinicoles une appellation qui gagne à être connue.
Les vignobles de l’AOC Limoux ont la particularité de se situer au confluent de plusieurs influences climatiques, au beau milieu d’une biodiversité d’exception, ce qui en fait une terre de vignobles particulièrement riches et complexes. Une complexité aromatique répartie entre les terroirs océanique, méditerranéen, d’Autan et de la haute vallée. Les plus hautes vignes, perchées à 500m d’altitude, peuvent connaître des variations de température allant de 40°C l’été en pleine canicule à -20°C l’hiver ! Un territoire passionnant à appréhender.
* La minute culture G *
Pour la petite histoire, la Blanquette de Limoux serait le tout premier Brut ayant existé, découvert au Moyen-Âge -et par hasard s’il vous plaît- dans les caves de l’Abbaye de Saint-Hilaire. Première AOC en Languedoc d’après un décret de 1938, Limoux joue assurément un rôle prépondérant dans l’histoire de la région vinicole. La production des vins tranquilles fut, elle, reconnue en 1959 et le Crémant de Limoux ainsi que les rouges sont venus rejoindre ces rangs relativement récemment, respectivement en 1990 et 2004.
L’AOC Limoux n’est pas peu fière de sa situation historique et géographique et transmet bien sa passion. En plein pays cathare, la région se visite et se déguste.
// Les vins de l’AOC.
Limoux est surtout connue des curieux pour ses bulles : sa Blanquette avant tout, puis son Crémant. Il faut pourtant savoir que la région produit également des vins tranquilles blancs et rouges tout à fait louables.
Les cépages qui composent l’AOC sont le Chardonnay, le Sauvignon blanc et surtout l’étonnant Mauzac pour les blancs, le Merlot et le Syrah pour les rouges.
L’AOC ordonne un cahier des charges quelques peu compliqué. Gage d’unicité mais au risque de se perdre dans des déséquilibres périlleux… Ce qui en fait un terroir intéressant est la présence du cépage Mauzac qui a lui seul constitue la composition de la Méthode Ancestrale, contre 90% pour la fameuse Blanquette (le reste devant être constitué de Chardonnay et/ou Chenin). Cela se complique dès lors que l’on aborde le Crémant et les vins tranquilles rouges. Pour le Crémant, il faut un assemblage de Chardonnay et Chenin principalement, le second devant être présent de 10% minimum à 40% maximum. Au second plan, ils peuvent être liés au Mauzac et Pinot noir, ceux-ci ne pouvant dépasser ensemble 20% et le Pinot noir à lui seul 15%. Vous me suivez toujours ? Bien. Pour l’appellation Limoux rouge, il faut 45% de Merlot minimum et 20% de Côt, Syrah, Grenache. Les cépages annexes sont le Cabernet franc et Cabernet sauvignon.
Bref, ce qu’il faut en retenir est la quasi omniprésence du Mauzac, véritable identité de l’AOC, de nombreux élevages sur lattes mais également la particularité pour les blancs d’être élevés et vinifiés en fûts de chêne. Cette exigence confère à coup sûr une identité gustative très particulière à ces vins tranquilles que certains pourront hélas regretter. On imagine les vins du Languedoc par nature puissants. Si la Méthode Ancestrale est naturellement sucrée, les vins sont dosés au maximum à 8°c.
// Coups de cœur tranquilles et pétillants.
Alambic a eu la chance de rencontrer de formidables et déterminés vignerons, modernes et dynamiques, à l’image de la région ! Ça donne envie, si tant est que le liquide seul ne vous ait pas déjà convaincu. Neuf maisons et vingt caves particulières, cela laisse de quoi trouver son bonheur. Présentation de nos petits faibles.
• Domaine La Martine, AOC Limoux rouge, C’est toujours la première fois
Monique et Michel Louison étaient connus pour leur domaine, leur histoire et leur sympathie nous a touché et nous avons été séduits par ce cru tout en volupté.
• Jean-Claude Mas, Château Teramas-Astruc, Limoux blanc 2013
• Antech, Crémant de Limoux brut rosé, cuvée Emotion, pour la passion et la volonté de Françoise Antech Gazeau, et la justesse de ses bulles bien sûr.
• Domaine Delmas, Clair de Lune blanc, AOC Limoux Méthode Ancestrale. Un nez poire-coing, très fruité mais cout en bouche. Suprenant.
• Domaine Martinolles
Côté accords, s’il faut garder la Blanquette méthode ancestrale naturellement sucrée pour le dessert, on peut également la déguster On the rocks pour l’apéro, cuvée spéciale imaginée par Sieur d’Arques (initiative que l’on peut trouver dommage).
// À voir, à faire
Limoux est au cœur d’une région plutôt festive qui bénéficie en outre d’un climat fort sympathique. Côté beauté et histoire, visitez l’Abbaye de Saint Hilaire et côté gourmandise, profitez-en pour aller déjeuner dans la cour du restaurant Chez Tonton et Tantine, du Grand Hôtel Moderne et Pigeon. Un régal !
// Pascaline Lechêne
