Pour cette 12e édition du Whisky Live Paris, quelque 8 000 visiteurs se sont pressés dans les 4 000 m2 des Docks–Cité de la Mode et du Design. Changement de lieu et de dimension, le Whisky Live Paris se place toujours parmi les événements de dégustation de whisky et de spiritueux les plus importants d’Europe. Cette édition aura été l’occasion de découvrir 800 spiritueux de tous horizons et près de 200 nouveautés ! Que fallait-il retenir ? Donnons la parole à nos experts.
// Philippe Jugé • Le Whisky pour les Nuls
Armorik Vinho Barrique LMDW (53%). Pionnier des whiskies français et fer de lance des whiskies bretons, Armorik n’en finit pas de surprendre. Cet embouteillage – un fût sélectionné par et pour La Maison du Whisky – est assurément l’un des plus grands whiskies qu’il vous sera possible de gouter cette année (si vous faites vite, il n’y a que 320 bouteilles). Une attaque franche et chaleureuse, une bouche herbacée et réglissée en diable, cette finale d’une incroyable longueur, picotement de plaisir inclus, difficile de faire plus complexe et charmeur. Un très grand single malt « vieilli » quatre ans seulement en ex-fût de vinho portugais. Tout simplement énorme.
Le gin de Christian Drouin (42%). Spiritueux le plus créatif du moment, le gin est en train d’exploser tous les codes et toutes les références. Après le concombre (merci Hendricks), la fleur de vigne (merci G’Vine), voici la pomme façon Christian Drouin. La célèbre maison de calvados part donc d’une base eau-de-vie de cidre dans laquelle ont macéré baies de genièvre bien sûr mais aussi gingembre, vanille, citron, cardamone, cannelles, pétales de rose et amande. Redistillé, ce gin séduit pour sa puissance aromatique (juste dingue) et son velouté huileux dangereusement addictif. Une vraie réussite.
Glenfiddich The original (40%). Avec cette réplique du premier single malt officiellement exporté en dehors du Royaume-Uni (1963), Glenfiddich remonte le temps. Et de fort belle manière car, une nouvelle fois, la célèbre distillerie du Speyside signe un petite merveille d’équilibre entre douceur maltée et boisé légèrement épicé. En 1963, il s’est vendu 22 000 de Glenfiddich Straight Malt. Il s’en vend aujourd’hui 12 millions chaque année. Certes Glenfiddich n’est plus le single malt le plus vendu dans le monde (The Glenlivet l’a dépassé d’une courte caisse l’année dernière) mais ce whisky est bien la preuve que ce ne n’est pas parce que l’on est grand que l’on est mauvais, c’est parce que l’on est bon que l’on devient grand.
// Alexandre Vingtier • Rumporter
Michter’s 10yo Bourbon Single Barrel (47.2%). Authenticité, technicité et expérience à leur sommet pour un bourbon de près de 18 ans en réalité (et le goût le confirme aisément). Parce que le bourbon regorge de trésors mais que les Américains rechignent de plus en plus à nous les expédier et que Michter’s a justement fait le choix de divertir aussi nos papilles européennes.
Domaine de Charron 1986 Bas-Armagnac brut de fût 100% Baco. Millésime de grande envergure tant en bouche qu’au nez pour qui sait attendre. Un armagnac qui démontre qu’un armagnac mono-cépage (hybride qui plus est) peut donner de grandes eaux-de-vie et que les forts degrés sont les bienvenus dans un univers trop souvent cantonné au minimum légal de 40%.
Nouvelle gamme de Cognac Augier. Quand le groupe leader des spiritueux français et déjà propriétaire de la tricentenaire maison Martell connue pour ces cognacs distillés à partir de vin sans lies se met à proposer justement une grille de lecture des cognacs à travers ses crus et ses taux de lie dans les vins, on se dit que l’on vit une révolution culturelle dans la plus prestigieuse AOC des spiritueux au monde. Et si la première et plus ancienne maison de Cognac en est le support, la boucle est bouclée : terroir, technique et histoire…
Rhum Fair Belize 11 ans (50.7%). Quand j’ai découvert leur 5 ans, j’ai tout de suite senti un grand potentiel dans ces rhums vieux, donc j’ai insisté pour avoir des versions plus vieilles, et avec un degré plus élevé… mon vœu est enfin exaucé et nous voici avec un très grand rhum, à la fois bon à boire et bon à penser. Il faut savoir parfois donner confiance aux producteurs… dans leurs produits !
// Christine Lambert • Slate / La Soif du Malt
Trois whiskies qui m’ont marquée sur ce WLP ? Trois seulement ? Bande de pervers ! Trois nouveautés, alors :
This is Not a Luxury Whisky de Compass Box, un blend, n’en déplaise aux talibans du malt, le luxe dans le flacon et sur le code barre, quoi que prétende son nom.
Aultmore 12 ans, mais toute la gamme est un sans-faute et le rapport qualité/prix inégalé.
Benromach 15 ans, qui repousse à chaque fois les limites du bon goût.
Et pour le spiritueux, je vais tricher sans vergogne en citant un wannabe whisky : le distillat vieilli 28 mois de Wolfburn. Pas en vente, mais je sais qu’on sera nombreux à guetter le « vrai » whisky en 2016 tant ce jus est plein de promesses.
// Jonas Vallat • Whiskyleaks
Carsbridge 1976 (Signatory Vintage) : un super exemple de vieux whisky de grain. Côté noisette grillé et ultra épicé en bouche.
Ballechin 11 ans Manzanilla cask : la claque du Whisky Live, ultra original, se démarque largement de son grand frère Edradour qui n’a jamais été au top.
This is not a luxury whisky (Compass Box) : le surréalisme mis à la portée du whisky. Un whisky total, riche et intense.
Caroni 2000 Millenium : très floral pour un Caroni et parce qu’avec deux gorgées t’es en orbite. Décollage garanti.
// Christophe Hamieau • Malts & Houblons
Ce ne sont peut-être pas les plus grands, mais ils ont su se distinguer lors de ce Whisky Live Paris !
Commençons par un liquide made in USA avec le bourbon Bulleit. Le seigle bien présent dans sa recette n’est pas suffisant pour en faire un rye mais lui confère un vrai caractère et une bouche plus sèche que sur un bourbon classique. Et autour de 30 euros, très bon rapport qualité/prix !
Côté scotch, on met le cap au nord, aux Orcades, avec un Scapa Skiren qui a l’intérêt d’être le single malt que l’on n’attendait plus de cette distillerie. Et qui plus est revendiquant ses origines nordiques et océanes au travers de notes iodées mais également par une belle fraîcheur.
Pour clore ce podium soyons gaulois avec le Eddu Grey Rock Broceliande. Un whisky breton qui comme son nom l’indique a connu un finish en fût de chêne neuf de la mythique forêt ! Du marketing identitaire sans doute, mais pas que. Le whisky à base de sarrasin y a gagné de la douceur et de belles notes épicées.
// Anne-Sophie Bigot • The Whisky Lady
This is not a Luxury Whisky, le nouveau Compax Box : je ne pense pas qu’une longue explication soit nécessaire. Encore une fois, Compax Box vise juste avec une superbe expression et un écrin osé faisant référence à la fameuse pipe de Magritte.
Triticale de Dryfly : un whiskey américain élaboré à partir d’une céréale hybride – mélange de seigle et de blé – un whiskey original et épicé qui sort du lot !
Mackmyra Moment Delagare pour son côté fruité et acidulé provenant de sa maturation en fûts de bourbon ayant contenu du « cloudberry wine », une baie typiquement scandinave et donnant un caractère bien particulier au produit final !
// AM
