« Avec la crise, les gens ont besoin de se faire plaisir. Notre secteur se porte bien ! » Jean-Charles Rochoux, célèbre chocolatier parisien, donne le ton. Le 14ème Salon du Chocolat qui s’est déroulé à Paris du 29 octobre au 2 novembre 2008 a battu des records d’affluence. Les visiteurs veulent se libérer de ce climat de crise, faire plaisir, se faire plaisir, pour leurs papilles mais également leurs pupilles. Le chocolatier Helianthème avait, pour l’occasion, réalisé une Tour Eiffel de plus de deux mètres de hauteur en chocolat.
L’international en puissance
Les français n’ont qu’à bien se tenir. Le pays d’excellence de la gastronomie et des plaisirs gustatifs est de plus en plus concurrencé par ses compatriotes étrangers. Italie, Japon, Suisse, d’autres nations ont mis leurs savoirs-faire en spectacle. Pour preuve de leurs talents, les Awards du Chocolat Internationaux ont cette année récompensés Madame Setsuko (Japon), Philippe Pascoët (Suisse) ou encore Compagnia del Cioccolato (Italie). Madame Setsuko a d’ailleurs gagné le Prix d’Excellence Internationale décerné par le Salon. Le chocolatier Miki, de Tokyo, était même en rupture de stock, totalement dévalisé !
La tablette devient rustique
Tendance omniprésente, le rustique. La tablette ne joue plus la sophistication, le sculptural ou même le simple carré, mais se vend brute, comme si cette dernière sortait tout juste de l’atelier. Retour aux sources pour le consommateur qui retrouve l’impression d’acheter un produit plus originel. Avantage également pour les chocolatiers qui peuvent vendre davantage de quantités puisque les vendeurs les plus habiles vous proposeront toujours des tablettes légèrement plus lourdes que le poids que vous désirez (ces plaques sont cassées et vendues au kilo…).
Le tabac en invité surprise
Les amateurs de cigare auront, cette année, pu découvrir un module tout particulier, un chocolat, et même plusieurs. Cioccolato del Sicomoro, tout comme Jean-Charles Rochoux, proposent dorénavant dans leur collection un chocolat au tabac. A première vue, cela ne paraît pas un mariage très naturel, mais en bouche, c’est un tout autre discours : au palais, les saveurs du chocolat explosent et ce n’est qu’en fin de bouche que le tabac apparaît, tout juste piquant, prenant le nez, fort, complémentaire et harmonieux du chocolat. Une expérience surprenante.
Un salon commercial
« Vendre », « vendre », « vendre », un mot bien trop présent dans la bouche de beaucoup de chocolatiers sur le Salon. Bien dommage que cela ait pesé sur le climat général o๠le visiteur semblait être plus attendu pour son porte-feuille que pour la transmission d’un savoir et l’amour du chocolat. Heureusement, certains ancien comme Bonnat, l’un des derniers grands artisans à fabriquer ses produits depuis la fève de cacao, sont là pour distiller leurs connaissances et leur histoire : « Je transmets gratuitement mon savoir dans le monde entier, pas question pour moi de vendre mes journées 2000€ comme d’autres, l’important est l’amour de son métier et mon métier, c’est un jeu » déclare-t-il, un grand sourire d’enfant sur ses lèvres… Une belle rencontre, comme on aurait espéré en faire à chaque stand…
Sébastien Foulard et Coraline Séville
Vodka&Co.
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