Un vent de modernité souffle sur le monde du whiskey américain. Installé près de Seattle, Westland y fait figure de véritable trublion. Dans un pays dominé par le bourbon et le rye, la jeune distillerie a choisi de se spécialiser dans le single malt, un type de whisky réservé, à l’origine, aux Ecossais. Son objectif : mettre en avant l’orge et le terroir de l’ouest américain.

Le whiskey américain : honneur au maïs et au seigle

L’histoire du whiskey américain n’a jamais été un long fleuve tranquille. Sa belle épopée démarre au XVIIIème siècle, à l’arrivée des colons européens (Ecossais et Irlandais) sur la terre promise qui rapatrient, avec leurs bagages, les techniques de distillation. Le seigle, une céréale très fertile sur le sol américain, devient rapidement l’ingrédient principal des premiers whiskeys américains appelés rye et produits majoritairement en Pennsylvanie. C’est ensuite le maïs qui trouve les faveurs des distillateurs du Kentucky et du Tennessee pour élaborer le fameux whiskey bourbon.

Jusqu’ici tout va bien et la production du whiskey américain est au summum de sa quintessence. L’avenir s’annonce plus sombre au cours du XXème siècle. L’augmentation des taxes sur l’alcool, l’ère de prohibition et le coup de grâce avec les deux guerres mondiales affaiblissent drastiquement le marché du whiskey. Il faut patienter la fin des années 80 pour que les producteurs yankees repartent à la conquête du gosier des consommateurs, boostés par le succès du single malt écossais et la naissance d’une nouvelle vague de micro-distilleries, installés là où la terre et l’eau sont florissantes aux US.

Westland : entre tradition et innovation

C’est dans le paysage riche et verdoyant de la ville de Seattle que le renouveau de whiskey américain a pris naissance. Ses instigateurs s’appellent Emerson Lamb et Matt Hofmann, tout deux sont passionnés par la catégorie et leur terroir. En 2010, le jeune tandem fonde la distillerie Westland et décide de bousculer les codes en inaugurant une nouvelle catégorie, où le seigle et le maïs sont laissés pour absent. Son nom : le single malt américain, un whiskey produit à partir d’orge maltée et provenant d’une seule distillerie qui s’inspire des traditions écossaises, de la matière première au vieillissement.

Matt Hofmann

Le succès de ce duo avant-gardiste ne se fait pas attendre puisqu’en 2016 la distillerie est nommée « World Craft Producer of the year » par Whisky Magazine et attire la convoitise du groupe familial français Rémy Cointreau qui rachète Westland une année plus tard. D’autres récompenses complètent rapidement le palmarès : en 2018, Matt Hofmann reçoit le titre d’ « American Master Distiller of the year » et la distillerie est couronnée du prix « Single malt américain de l’année » aux Icons of Whisky Awards. La révolution du single malt américain ne fait que commencer.

Un single malt qui met en avant les variétés d’orge local

Emerson Lamb et Matt Hofmann sont des hommes de conviction. Au-delà de pousser cette nouvelle catégorie sur le marché du whiskey américain, les deux fondateurs ont un second objectif : valoriser l’orge locale et élaborer un véritable whiskey de terroir. Le single malt de Westland reprend dont les quatre ingrédients essentiels des whiskies de tradition écossaise : l’orge, l’eau, la levure et le chêne. Quels sont les signes distinctifs avec ses confrères anglo-saxons ? Westland propose une nouvelle expérience marquée par le terroir de la côte ouest Pacifique. Premier point : l’utilisation d’un assemblage de cinq variétés d’orges cultivées exclusivement dans l’état de Washington. On retrouve le Washington Select Pale Malt, Munich Malt, Extra Special Malt, Pale Chocolate Malt et Brown Malt.

Ensuite, la distillerie joue sur la fermentation de longue durée, activée par une levure de bière spécifique choisie par Matt Hofmann. Diplômé de l’Institute of Brewing and Distilling de Londres et de l’Université Heriot-Watt d’Édimbourg, le maître distillateur s’est intéressé à la levure de bière de saison belge qui livre un bouquet exacerbé de notes d’agrumes, de clou de girofle et de fruits rouges pendant la fermentation. Bien sûr, l’eau, élément moteur du whiskey, est puisée dans la chaîne montagneuse des Cascades, à deux pas de la distillerie.

Un vieillissement qui contourne les codes du whisky écossais

A l’instar du whisky écossais, le single malt de la distillerie de Seattle est élevé en ex-fûts de bourbon et en ex-fûts de xérès mais seulement partiellement pour conférer un certain panel d’arômes. Westland poursuit son aventure dans sa démarche locale en élevant majoritaire son whiskey dans des fûts neufs de chêne américain de 180 à 200 litres. Ces derniers sont confectionnés à partir de chênes locaux à croissance lente et de douelles séchées à l’air libre pendant 18 à 24 mois. Leurs atouts : un minimum de tannins et un maximum d’élégance et d’accessibilité pour séduire tout type d’amateur.

Une distillerie engagée pour l’avenir du single malt américain

En quelques années, Westland a imposé son empreinte parmi la nouvelle génération du whiskey américain. Fondateur du « American Single Malt Whiskey Commission » (organisme défendant la reconnaissance de la catégorie), le visionnaire Matt Hofmann figure aujourd’hui comme l’un des porte-paroles majeurs des single malts. La distillerie continue de plus belles ses investigations en faveur du terroir local et des circuits courts. Aujourd’hui, celle-ci travaille en étroite collaboration avec les agriculteurs et les malteurs de la région de Washington ainsi qu’avec les chercheurs du Bread Lab de l’Université de l’État de Washington pour développer des variétés d’orge oubliées ou jamais exploitées dans le whisky. Au compteur : 18 variétés différentes d’orge sont déjà passées dans les cuves rutilantes de Westland. Un record et la promesse d’un bel avenir.

Une gamme de single malt marqué par ses origines : le terroir de l’ouest américain

Aujourd’hui, Westland affiche en France trois single malts issus de sa gamme emblématique. Trois cuvées testées (à plusieurs reprises !) et approuvées par l’équipe d’Alambic

American Oak single malt whiskey

Une excellente porte d’entrée pour s’initier au single malt de Westland. Celui-ci est réalisé à partir du fameux assemblage des 5 malts locaux et il est élevé essentiellement en fûts de chêne américain neufs mais aussi en ex-fûts de bourbon de premier remplissage, trois ans minimum. Une cuvée plébiscitée par des palais férus de whiskey aux saveurs gourmandes. (70 cl | 46% vol. | 75€)

Sherry Wood single malt whiskey

Tout l’excellence du labeur de Matt Hofmann qui revisite des single malts élevés en ex-fûts de xérès. Cette pépite est composée toujours d’un assemblage des 5 malts locaux. Le maître distillateur a planché sur un travail inédit de vieillissement en fûts de chêne américain neufs complété par une maturation en hogsheads et en butts de xérès oloroso et pedro ximénez. En bouche, une judicieuse harmonie entre l’orge maltée et le vin andalou. (70 cl | 46% vol. | 85€)

Peated single malt whiskey

Une fine réinterprétation des single malts tourbés à la sauce Westland. Cet excellent nectar aux notes subtilement fumées et iodées est distillé à partir des 5 malts signature locaux non tourbés et d’un malt tourbé local (55 ppm). Avis aux amateurs. (70 cl | 46% vol. | 85€)

Et des éditions limitées pour pousser l’expérience single malt whiskey encore plus loin :

Colere 1st Edition

Attention évènement ! Voici le premier embouteillage de la gamme Outpost. Focus cette fois-ci sur une seule variété d’orge cultivée localement, Alba, une orge d’hiver à six rangs, extrêmement aromatique, et un distillat vieilli dans des fûts dits “roux”. Une belle complexité en bouche pour rugir de plaisir. (70 cl | 50 % vol. | 170€)


Depuis avril 2021, Rémy Cointreau France Distribution, assure la commercialisation des singles malts de Westland. westlanddistillery.com


Article écrit en collaboration avec Rémy Cointreau