Au milieu de cette crise sanitaire qui nous laisse un genou à terre, il est temps de penser à la réouverture de nos estaminets. Durant les dernières semaines nous avons peaufinés nos livres de cocktails, maitrisé l’outil Zoom, assisté à un tas de réunions virtuelles, masterclasses et conseils d’experts, la fabrication artisanale du Pisco des hauts plateaux des Andes et du Medronho des montagnes du Portugal n’ont plus de secrets pour nous ; nous sommes devenus plus savants qu’auparavant.
Certains verront les bars rouvrir et, souvent aussi, d’autres vont malheureusement rester sur le carreau : les banques ne vont pas toujours suivre, les assureurs se défileront comme d’habitude et les fournisseurs frapperont à nouveau aux portes avec les reliquats. Les grandes maisons de distribution auront besoin de nous et peut être seront-elles à même de venir à la rescousse ? De nouvelles opportunités vont aussi voir le jour car, si auparavant il y avait pénurie de main d’œuvre, un nouvel équilibre voit le jour. Il sera bientôt temps de polir les shakers et de cirer les chaussures.
Les consommateurs seront présents avec certainement des moyens de dépense réduits mais avec l’envie de retrouver de la chaleur humaine, de la convivialité et l’envie de faire à nouveau la fête, la vraie, l’envie de danser, d’éclater en fous rires et de retrouver l’ivresse de l’insouciance… mais avec aussi la clairvoyance de refuser de payer une boisson savante aux prix d’un grand cru de nos vignobles.
Saurons-nous être au rendez-vous de leurs attentes ? En effet, si nous avons reçu plus d’informations pour devenir des champions de la mixologie, prêt à remporter tous les concours et les challenges de la planète bar, je n’ai nullement entendu les conseils d’experts nous parler d’accueil, d’écoute, d’ambiance, de règles de conduites, d’entraide entre collègues, de convivialité, en bref tout ce qui fait l’importance et l’attrait de notre profession.
Ces petits mots de réflexion me donnent l’opportunité de vous souhaiter à toutes et à tous d’être toujours en bonne santé et de retrouver bientôt les muscles nécessaires pour de longues heures debout derrière nos comptoirs. Dites vous qu’il y a eu de pires moment pour notre profession : la prohibition.
Cocktailement vôtre