Le Loch Gorm est un lac situé au nord-ouest de l’île d’Islay, non loin de la Machir Bay. Au delà d’être un endroit magnifique et paisible, c’est aussi le lieu qu’Anthony Wills a choisi pour fonder sa distillerie Kilchoman en 2005. En plus d’être actuellement la plus jeune distillerie de l’île dont nous pouvons déguster les whiskies, il s’agit aussi d’une ferme qui produit chaque année plus de 200 tonnes d’orge qui sont ensuite maltées et séchées sur place avec la tourbe locale pour la fabrication d’une partie de leurs whiskies.

Ce que voulait Anthony Wills, c’est retourner aux sources de l’histoire du scotch whisky : à l’époque où les familles de fermiers produisaient elles même l’alcool qu’elles consommaient, avant que les multinationales ne rachètent la majorité des distilleries écossaises. C’est cette philosophie millénaire que revendique aujourd’hui la distillerie, une des rares encore indépendantes. Même si leur production d’orge locale ne suffit pas à couvrir l’ensemble de leurs besoins, leur façon de travailler est suffisamment rare pour être une jolie valeur ajoutée à leurs produits, qui sont également vieillis, embouteillés et étiqueté sur place, sans filtrage à froid et sans coloration. Le distillat de Kilchoman est aujourd’hui reconnu pour sa fraicheur, son fruité, ses notes d’agrumes et sa tourbe maritime.

« Kilchoman […] is using local peat cut in the traditional way, slowly distilling by hand, maturing in traditional dunnage warehouses and bottling on site without colouring or chill-filtration. »

Le petit dernier est la 8ème édition de leur « Loch Gorm », nommé ainsi en hommage au lac qui se situe aux pieds de la distillerie donc. Il s’agit d’un single malt sans mention d’âge titrant à 46%. 15 500 bouteilles ont été produites après vatting (assemblage) de 21 fûts remplis en 2007, 2008, 2009 et 2011. On se trouve donc face un single malt de 9 ans d’âge minimum.

La particularité de leur gamme « Loch Gorm » est que les fûts assemblés sont tous d’ex-fûts d’Oloroso de la bodega Jose y Miguel Martin. Ce vin fortifié espagnol, au caractère très marqué et à la couleur brune, est souvent utilisé pour appliquer une finition sur un whisky. Le laisser dans ce type de fûts pendant seulement quelques mois, permet de lui donner des notes d’épices, de chocolat et de fruits noirs. Ici il est intégralement vieilli dans ces fûts de sherry ! De ce fait on serait donc en droit de s’attendre à déguster un whisky très marqué par ses arômes, un « sherry-bomb ». Eh bien … pas tout à fait !

Il présente une superbe robe ambrée, avec des reflets cuivrés.
Sa texture est assez huileuse pour coller un peu au verre et y laisser des belles jambes qui coulent doucement.

Comme on pouvait s’y attendre, au nez c’est l’odeur de fumée, de cendres, qui frappe en premier. Mais elle est suffisamment douce pour ne pas masquer les effluves iodées, fruitées et boisées que ce whisky a aussi à offrir. J’y ai trouvé des notes de chocolat noir, d’agrumes confits, de fruits à coque. Typiques d’un whisky vieilli en fûts de sherry, mais juste assez marquées pour apporter l’équilibre avec la tourbe !
En bouche, on retrouve les arômes du nez : un côté très cendré qui envahi d’abord la bouche puis laisse place à des arômes de céréales, de zestes d’orange, et à une belle minéralité.
La finale est longue et sèche. A la cendre et au chocolat noir s’ajoute un côté épicé, très agréable.

De mon avis personnel, Kilchoman nous propose ici un bon whisky vieilli à 100% en fûts de sherry, ni trop fumé ni écœurant, très bien équilibré. Un jus à boire à côté d’un feu de bois, chez soit dans son fauteuil ou, encore mieux, sur une plage d’Islay à écouter les vagues et le bruit du vent.


+ d’infos : kilchomandistillery.com
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