Je suis un samedi après-midi dans la capitale et je décide de me payer une toile. Les samedis sont parfois difficiles et les transports ne me permettent pas d’arriver à l’heure pour la séance. Qu’importe, je vais en profiter pour aller prendre un cocktail dans ce nouvel hôtel…
Dès mon arrivée dans ce bel établissement, je sens que les choses vont êtres compliquées. L’hôtesse d’accueil ne me calcule pas et les huit autres employés semblent être fort occupés (c’est bien de voir un bar à cocktails qui marche). Je me dirige vers un tabouret disponible et pendant 3 minutes j’attends un regard, un sourire mais non… rien. Je me lève alors et me dirige vers le coin du comptoir pour m’emparer d’une carte que je consulte avec attention. Je m’aperçois qu’au vu des prix affichés les manifestants dans les rues ont de quoi être en colère. Par solidarité, je décide de quitter les lieux. De mon arrivée à mon départ, pas un salut de la part du staff, ni sourire, bravo l’ambiance…
Etant d’un naturel optimiste, je décide d’aller visiter un autre lieu non loin de là où je connais le chef barman. J’arrive d’un pas guilleret dans un bar calme et désert. Je fais le tour du lieu et poireaute gentiment pendant 10 minutes. Finalement, la porte de l’office s’ouvre et mon barman monte en scène. Il me dit combien il est heureux de me voir étant soi-disant une légende à ses yeux. Commence alors un monologue d’une dizaine de minutes où j’ai le droit à toute la liste de ses mécontentements par rapport à son employeur (le prestige de l’âge certainement). Après cela, il se souvient alors que nous sommes dans un bar et pour me manifester sa reconnaissance d’avoir été longtemps invité par mes soins lorsque j’officiais encore, il veut m’offrir un café, moi qui était plutôt prêt pour une orge maltée dans un conditionnement vert avec dessus un petite étoile rouge. Je décline poliment son invitation et le salut. Il m’accompagne dans la rue en laissant son estaminet aussi vide qu’à mon arrivée et poursuit son monologue pour me parler de la suite de sa carrière se résumant à 3 mots d’anglais : me, myself & I…
Je lui souhaite bonne chance et succès et détale vers d’autres aventures. Je me souviens alors d’un autre bar non loin de là qui était réputé pour ses cocktails à base de rhums. Je m’installe sur un tabouret et engage la conversation avec le barman dont l’haleine dégage une (trop) forte odeur de tabac et dont les ongles sont encore couverts du cambouis de la chaine à vélo qui à dû dérailler lors de son trajet pour venir au boulot. Bref, tout cela ne me donne plus envie de rester plus longtemps dans cette noble institution.
Je me retrouve quelques instants plus tard dans un petit bar à vins que fréquentait en son temps un Président de la République. Une serveuse en salle et un sommelier derrière le comptoir m’invitent chaleureusement à prendre place dans leur modeste estaminet. Le petit verre de Côtes du Rhône des Caves de Tain me redonne confiance en la noblesse de notre terroir et les quelques tranches de saucissons qui accompagnent ce breuvage me font l’effet d’une petite madeleine de Proust. J’en oublie pour un instant le titre du film de guerre que j’avais vécu ce soir là : « Il faut sauver le soldat barman ».
Cocktailement vôtre